Roi singe (non) bondissant
Déçu. J'avoue que je suis déçu. Par le spectacle Monkey, Journey to the West signé Chen Shi-Zheng, Damon Albarn et Jamie Hewlett, dont j'attendais beaucoup de bien et auquel j'ai assisté hier soir, au Châtelet. On pouvait attendre beaucoup de cette adaptation de la célébre épopée du Roi singe, célébrissime en Asie, notamment en Chine et au Japon, où elle a inspiré des montagnes de films, spectacles, mangas (dont une version par Osamu Tezuka, qui paraît en ce moment en France sous le titre La légende de Songoku chez Delcourt). Cette légende a aussi inspiré un classique du manga shonen, Dragon Ball.
En conjuguant les talents musicaux de Damon Albarn (ex-Blur, co-animateur de Gorillaz), graphiques de Jamie Hewlett (créateur de Tank Girl, co-animateur de Gorillaz) et de metteur en scène de Chen Shi-Zheng, on pouvait s'attendre à du grandiose. De fait, les décors sont somptueux, et laissent éclater tout le talent de Hewlett (dont on regrette qu'il ne travaille pas pour l'industrie BD française). Mais on est moins convaincu par la musique d'Albarn, qu'on a connu plus inspiré. Et surtout l'opéra, malgré les efforts des acrobates et pratiquants des arts martiaux, manque bizarrement... de rythme ! Long, pas toujours charismatique, parfois franchement ennuyeux, Monkey, Journey to the West échoue à être franchement fantaisiste ou drôle. Malgré des numéros de toute beauté, bien dans le style des acrobates chinois (par exemple ces femmes nouées dans des rideaux rouges à une quinzaine de mètres au dessus de la scène), on n'en voit pas le bout ! 2 heures sans entracte, c'est bien trop, d'autant que l'opéra est entièrement dit en chinois, ce qui limite fichtrement la compréhension. Bien sûr, des écrans donnent la traduction (écrite) au fur et à mesure, mais c'est beaucoup trop petit et usant pour les yeux...
Au total, on a le sentiment d'une occasion râtée de rencontre féconde entre les arts populaires occidentaux et orientaux. Une autre fois peut-être ?... On l'espère.