X-Women : raconter ceci, montrer cela
Vous en avez peut-être entendu parler : Milo Manara a été embauché par Marvel pour illustrer (transitoirement) la série X-Men, rebaptisée pour l'occasion X-Women (Manara oblige). La chose se trouve en import dans les bonnes librairies parisiennes, avant une traduction qui, n'en doutons pas, ne saurait tarder.
Et c'est très amusant. Mais pas pour les qualités du scénario qui, sont, hum, disons...
Mais c'est plutôt pour l'absolu (ou presque) divorce entre la narration et l'image que cette tentative est intéressante. Car Manara s'efforce, en érotomane complet, de raconter par son illustration une histoire, son histoire, habituelle : celle du désir, sous toutes ses formes. Tandis que le scénario de Chris Clarmont narre, lui, les sempiternelles grosses bagarres et autres sauvetages du monde.
Ce qui donne des résultats assez surréalistes. Deux héroïnes se retrouvent-elles enfin, après l'incarcération de l'une d'entre elles ? Elles se précipitent l'une vers l'autre avec une ardeur qui frise l'impudeur. Bien sûr, elles ne sont que camarades... Les X-Women tombent-elles du haut d'une cascade ? Les contorsions de l'une d'entre elles, s'efforçant de rattraper les autres au vol, évoquent des chatteries entre filles auxquelles on donne généralement le nom d'un chiffre rond. Et ainsi de suite.
Manara, avec cette oeuvre, est visionnaire : il a inventé la BD narrativement schizophréne et le X subliminal en milieu machisto-comics. Pas mal pour un modeste artisan européen !